Dans le but de coordonner et de renforcer les efforts engagés en Afrique de l’Ouest pour la lutte contre la maladie à Coronavirus 2019, également connue sous l’appellation COVID-19, les Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sous la présidence de S.E. M. Issoufou MAHAMADOU, Président de la République du Niger et président en exercice de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, ont tenu un Sommet Extraordinaire le 23 avril 2020, par visioconférence, pour examiner l’évolution de la situation et l’impact de la maladie à Coronavirus.
Dans le Communiqué émis au terme du Sommet, les Chefs d’État et de gouvernement ont exprimé leur vive préoccupation quant à la propagation du COVID-19 dans la Région, relevant qu’au 22 avril 2020, il avait été enregistré au total 6 083 cas, parmi lesquels 4 232 cas actifs, 1 793 guérisons et 158 décès. À cet égard, la Conférence a adressé ses vœux de prompt rétablissement aux malades. Elle a tenu, en particulier, à présenter ses condoléances aux populations et aux gouvernements de l’ensemble des États membres pour la disparition de ces citoyens en raison de la pandémie, en leur réitérant toute sa solidarité durant cette terrible épreuve.
Le Sommet s’est également préoccupé des répercussions négatives du COVID- 19 pour l’ensemble des États membres de la CEDEAO, sur les plans social, économique, financier et humain, soulignant la grave menace que représente cette pandémie pour le processus d’intégration régional, ainsi que le programme régional de paix et sécurité. Par conséquent, comme preuve de leur détermination à renforcer la lutte contre la COVID-19 et à poursuivre la stabilisation et la reprise économiques, les Chefs d’État et de gouvernement ont convenu de ce qui suit :
S’agissant de la lutte contre la maladie à COVID-19 :
inviter les États membres de la CEDEAO à apporter leur contribution au Fonds de solidarité de l’Union africaine et à renforcer la coopération entre African CDC et l’OOAS en vue de rendre plus efficaces les appuis aux États membres de la CEDEAO ;
renforcer la coopération entre les États membres en matière de recherche, de formation et d’échanges d’expériences dans le domaine sanitaire de manière générale, et particulièrement pour la lutte contre le COVID 19 de manière particulière ;
évaluer minutieusement la situation, en procédant au cas par cas, avant de décider de lever les mesures mises en place pour protéger la population ;
fournir quotidiennement à l’OOAS des informations épidémiologiques opportunes afin de renforcer la coordination et la collaboration régionales pendant la pandémie ;
sensibiliser la population aux dangers du COVID-19 et à la nécessité d’un changement de comportement afin de contenir la propagation de la maladie et rompre la chaîne de transmission de la maladie ;
accroitre les tests de dépistage et assurer la prise en charge des personnes suspectées d’avoir contracté le virus ;
aménager des corridors de transport humanitaire pour le personnel médical et les autres agents impliqués dans la lutte contre la pandémie, afin de faciliter l’acheminement du personnel, de l’équipement et du matériel nécessaires ;
veiller à allouer au moins 15% de leur budget annuel au renforcement de leurs systèmes de soins de santé, conformément à la recommandation faite par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, lors de son sommet extraordinaire tenu le 06 novembre 2014 à Accra, en République du Ghana, à travers la Directive A/DIR. 01/11/14 relative à la maladie à virus Ébola (EVD) dans la région ;
encourager les États Membres à mutualiser, dans la mesure du possible, leurs achats de matériels et médicaments de lutte contre le COVID 19 ;
Poursuivre la mise en place des mesures humanitaires et palliatives destinées à fournir une aide aux populations, notamment par la distribution de denrées alimentaires et l’octroi d’une aide financière aux populations les plus démunies dans le strict respect des mesures sanitaires requises.
En ce qui concerne la stabilisation et la relance économique :
élaborer, par l’ensemble des États membres, un plan de riposte prenant en compte la lutte contre la propagation de la pandémie et un plan de relance économique post-pandémie ;
émettre des Bons et Obligations de long terme du Trésor pour financer les besoins critiques en investissement pour soutenir le secteur privé et relancer les économies ;
mettre en place des appuis importants pour soutenir les secteurs sociaux (outils pour enseignement à distance, renforcement des systèmes et infrastructure de santé, facilitation de l’accès à internet, …) et les couches sociales les plus défavorisées (filets sociaux) ;
déployer au niveau des Banques Centrales des outils, moyens et liquidité importante permettant de soutenir :
le secteur financier, notamment les banques et établissements financiers, pour qu’il appuie le secteur privé, en particulier les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ;
les institutions de microfinance pour qu’elles appuient le secteur informel ;
lancer un appel à la Communauté internationale pour la mobilisation de ressources additionnelles au profit de la Région pour faire face aux défis économiques et sociaux auxquels sont confrontés les États ;
soutenir l’initiative de l’Union africaine de négociation avec les partenaires pour une annulation de la dette publique et une restructuration de la dette privée des pays Africains ;
mettre en œuvre des actions urgentes pour soutenir la production locale des produits de consommation, notamment les produits agricoles, et réduire ainsi la facture d’importation de ces biens ;
mettre en place un Programme de soutien au secteur de la fabrication des produits pharmaceutiques et des équipements de protection sanitaire dont la production locale couvre à peine 20% des besoins de consommation actuels de la Région ;
éviter d’imposer des restrictions aux importations en provenance des autres pays de la CEDEAO, notamment en ce qui concerne les biens de première nécessité (médicaments, produits alimentaires, etc.) ;
convoquer une réunion du Conseil de Convergence afin d’examiner l’impact de la pandémie à COVID-19 et ses implications sur les performances en matière de convergence macroéconomique en 2020 et pour les années à venir ;